Page 65 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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En octobre 1929, après que Mermoz le reçut chaudement sur les quais de
Buenos Aires (un grand garçon tanné, au nez ironique, au regard d'une rare
vivacité.), Saint-Exupéry devait, de Comodoro Rivadavia jusqu'au détroit de
Magellan, étendre la ligne de Patagonie sur un parcours. Particulièrement
défavorable et dangereux.
Après avoir visité les installations de Pacheco, le nouveau directeur d'exploitation
partit pour l'extrême-sud avec un Laté 26. Jusqu’à Rio Gallegos dernière
agglomération argentine en bordure du détroit de Magellan. Saint-Exupéry lutta
pendant des heures contre les rafales de vent. Il garda toute la puissance du
moteur pour atterrir contre la bourrasque. Mais au sol, comment maintenir
l’avion ?
La troupe sera à votre disposition aux escales, lui avait dit Almonacid.
Le pilote put maintenir l'avion face au vent par la puissance de ses 450 chevaux
et attendit l'arrivée du bataillon. Les hommes s'agrippèrent, escaladèrent le
fuselage, pesèrent sur les roues. Deux heures pour rejoindre le hangar. Le
lendemain Saint-Exupéry entreprit de rejoindre Punta Arenas, la ville la plus
australe au monde à 300 kilomètres.
Ça se termina à 80 km du but en rase campagne et le mécanicien aidé de
gauchos, amarra l'avion dans un repli du terrain légèrement abrité.
Il fréta une voiture, pour un aller-retour à Punta Arenas.
Il rejoignit son avion, décolla, il mit 12 minutes pour rejoindre Rio Gallegos alors
qu'il avait mis 5 heures dans l'autre sens.
Le lendemain, très tôt, il remontait de Pacheco où l'attendait son directeur adjoint,
l'as de guerre Bernardo Artigau, (Argentin engagé volontaire sur le front
français où il avait remporté 11 victoires et qui partageait avec son compatriote
Almonacid une gloire éclatante.
Tous deux avaient recruté dans les Aéro-clubs argentins des pilotes déjà
entraînés et avaient formé une équipe qui rivalisait avec celle des Français.
Ficarelli avait été un des premiers. Irigoyen, Salvetti, Gross, Palazzoli et Luro
Cambaceres, issu d'une famille d’origine française, méritèrent d'être classés
parmi les grands pilotes civils de l'aviation mondiale. Ils tracèrent les premiers
épisodes de l'histoire aéronautique de leur patrie.)
Réf : La Ligne de J G Fleury
Le 31 mars 1930, Saint-Exupéry inaugure les vols sur Río Gallegos. Il
emmène de Buenos Aires les autorités (parmi lesquelles, Marcel Bouilloux-
Lafont, Président du Compagnie Générale Aéropostale de France (dont
l'Aeroposta Argentina était sa branche locale), et les journalistes qui avaient
débarqué la veille et passer la nuit à l'escale de Trelew.