Page 41 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
P. 41
41
HONNEUR AUX DAMES
Madame Lydie Vachet
L'état du Breguet n'est pas beau à voir.
Les deux bouts d'ailes inférieures sont déchirés, la direction est brisée, le
moteur est à tel point que les grenouilles y ont élu domicile. Il reste à
rentoiler. C'est madame Vachet qui s'en charge.
La chambre d'hôtel se transforme en atelier et bientôt l'hôtel entier est
infesté par l'odeur tenace de l'émaillite, le produit destiné à glacer et à
tendre la toile d'avion. Paul Vachet achète une couverture de laine dans
laquelle il enroule sa femme avant de l'installer dans l'habitacle arrière du
Breguet rafistolé qui tient bien le coup.
À Montevideo, c'est madame Vachet qui fait les frais du voyage. Il n'y a
pas de mécanicien au sol et sur les Breguet il n'y a pas de démarreur. Le
ménage doit se suffire à lui-même.
Le mari installe sa femme dans le cockpit devant la manette des gaz et
lance le moteur à la main avec l'hélice.
Le moteur démarré, il enlève les pierres servant de cales et, pendant que
l'avion commence à rouler, il grimpe dans le cockpit, prend la place de sa
femme qui rampe vers l'habitacle arrière, où elle va se tasser, enroulée
dans sa couverture.
Paul Vachet et Lydie.