Page 310 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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                     Cette modification n'apporta que peu d'améliorations et les quelque 110 heures
                  que supposait la traversée Dakar à Natal étaient d'une pénibilité plus que certaine
                  tant pour l'équipage que pour le matériel, et si l'Aéropostale II a disparu corps et
                  biens, le 12 août 1932, il y a peu de questions à se poser quant aux circonstances
                  de sa disparition, le chavirage en est tout simplement la cause.

                   Mais, hélas, 24 hommes d'équipage disparaissaient à tout jamais.


                    Les  conditions  de  navigation  méritent  que l'on  s'y  attarde  quelque  peu pour
                  préciser aux connaisseurs le comportement de ces bateaux et les conditions de
                  vie à bord.


                  À 15 nœuds avec une houle de hanche ou de l'arrière, les roulis dépassaient
                  souvent 40° et l'hésitation à se redresser provoquait bien souvent l'inquiétude
                  tandis  que  les  tangages  mer  debout  les  dégageaient  jusqu'à  l'aplomb  de  la
                  passerelle, et vous conviendrez avec moi qu'il y a anomalie lorsque les hélices
                  brassent de l'air plutôt que l'élément dans lequel elles ne se doivent de travailler.

                  Je vous laisse le soin d'en déduire les conditions de travail et de repos à bord.
                  Cette situation conduisit, début 1934, les trois avisos restants (qui avaient vu leur
                  nom devenir Air France I, III, IV) à subir un soufflage de la coque pour gagner un
                  mètre de largeur au maître couple et améliorer ainsi la stabilité transversale.


                  Parallèlement, des travaux étaient en cours qui devaient réduire le parcours à
                  effectuer par ces bateaux en attendant le service intégralement aérien en effet
                  des pistes furent aménagées :


                  -1 - Côté africain aux îles du Cap-Vert : à Porto - Praïa (2) à 350 miles de Dakar.

                  -2 - Côté Amérique du Sud : au Brésil, à Fernando de Noronha réduisant ainsi
                  de 500 miles la traversée maritime.

                  Mais  dès  que  furent  réalisables  à  100  %  les  liaisons  aériennes,  les  Avisos
                  s'installèrent à tour de rôle en des points bien précis du passage des hydravions
                  ou    des    avions    auxquels     ils   prêtaient   assistance    météorologique,
                  radiogoniométriques et radio tout court, toujours « parés » à porter secours à tous
                  ceux  qui  en  auraient  besoin  et  Dieu  sait  s'il  y  eut  de  nombreux  cas  toutes
                  nationalités confondues.

                  À  ce  stade,  je  rappellerai  un  passage  de  l'avant-propos  du  «  grand  »  Jean
                  Macaigne pour son livre sur le sujet, lui qui fut radio à bord du « Péronne » avant
                  d'entamer là-haut ses vingt-quatre mille heures de vol dont six mille de nuit.

                  Je le cite : « N'étant plus auréolée du prestige nouveau qui s'attachait à l'air, la
                  participation éphémère de ces navires à l'histoire de l'Aéropostale n'en a pas fait
                  des  vedettes  -  aucun  nom  prestigieux  n'a  survécu  à  leur  passage  -  ils
                  n'apparaissent qu'en épisode estompé dans l'édification et la survivance de la
                  Ligne.
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