Page 64 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Les Postes argentines m'avaient confié le transport de la correspondance
et, pour la première fois, le 12 septembre 1929, le courrier de Comodoro
Rivadavia fut amené à Buenos Aires dans la journée. Normalement, ce transport
demandait quatre à cinq jours par bateau.
J'attendais, à Buenos Aires, la fin des travaux d'aménagement et de construction
des installations de la ligne de Patagonie quand me parvint de Paris des
Instructions de M. Bouilloux-Lafont.
Il me demandait de prendre le plus rapidement possible mes dispositions pour
passer mon poste à mon successeur et rejoindre, via Paris, le Venezuela où
m'attendait une fois encore tout un travail d'organisation de lignes nouvelles que
l'Aéropostale s'était engagé par contrat avec le gouvernement de ce pays à
ouvrir sur son territoire.
Ce successeur arriva bientôt : il s'agissait de mon excellent ami de Saint-
Exupéry que j'accueillis à bras ouverts. Les choses pressaient tellement au
Venezuela que je ne pus procéder moi-même à l'inauguration de cette deuxième
ligne argentine prévue pour le début de novembre. Cependant, quelques jours
avant mon départ en bateau pour la France, j'eus le temps d'exécuter un dernier
voyage jusqu'à Comodoro Rivadavia au cours de laquelle j'emmenai comme
passager « Saint-Ex » à qui je faisais ainsi reconnaître une partie du réseau que
je lui laissais le soin d'exploiter.
Le 17 octobre 1929, je refis, une de fois de plus, avec mon successeur comme
passager, le voyage Comodoro Rivadavia-Buenos Aires dans la même journée
et, cette fois encore avec le courrier que m'avaient confié les Postes argentines.
Quelques jours plus tard, je m'embarquai pour la France et Saint-Ex inaugurait
peu après la nouvelle ligne.
Il devait, l'année suivante, la prolonger jusqu'à la Terre de feu, à quelque mille
kilomètres plus au sud. C'est en volant sur cette ligne qu'il conçut Vol de nuit ».
Bernardo Artigau