Page 121 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Les guanacos qu'il croise dans la Cordillère courbent l'échine sous la
tempête et se déplacent rapidement sur de grandes distances. Idem pour
les yacks qui passent les cols de l'Himalaya, les ours blancs qui survivent
au ventre vide l’hiver polaire.
Marché dans la neige en costume de ville, sans dormir pendant six jours
est une prouesse physique. Mais ce n'est pas de cela qu’il s'agit. Dans les
bras de son ami pilote, Guillaumet parle de l'immense effort de volonté qu'il
vient d'accomplir, pour résister à l’envie de dormir, de poser sa carcasse
fatiguée et d'attendre la fin. Revenu parmi les hommes, Guillaumet renoue
avec ce qui le lie à ses semblables. Sa conscience, seule, l'a sauvé.
Ce qu'a fait Guillaumet, beaucoup d'hommes l'auraient tenté, tel est la
puissance de notre instinct de survie.
Charlie Buffet, Le Monde 21/07/2007.
www.lemonde.fr/.../guillaumet-heros-postal-par-charlie-
buffet_674302
http://www.ladressemuseedelaposte.fr/IMG/jpg/v12_5_-neg_mp_2117-8_accident_du_potez_25_de_guillaumet_-
_cordillere_des_andes_-_1930.jpg
Madame Noëlle Guillaumet raconta beaucoup plus tard que grâce au
cadeau de sa boussole par Bouilloux-Lafont, il put se diriger dans les
montagnes.
http://www.antoinedesaintexupery.com/sites/default/files/styles/large/public/1930-06-21_telegramme.jpg