Page 169 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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D'un bout à l'autre de la ligne courut cette nouvelle stupéfiante et nous
ne voulions croire encore qu'à une rumeur sans fondement.
À Rio, il me fallait répondre aux questions insidieuses ou réellement
compatissantes de personnalités brésiliennes qu'inquiétait leur position
trop franche prise vis-à-vis de nous.
Équipages, personnels au sol, bureaux ou ateliers ne pouvaient
comprendre que les politiciens de leur pays puissent ainsi saborder une
œuvre sans même la connaître.
Nos nombreux amis Brésiliens, Argentins, Uruguayens ou Chiliens étaient,
eux aussi consternés.
Comme toutes les affaires du groupe Bouilloux-Lafont, la banque franco-
brésilienne « Crédit Foncier du Brésil » fut déclarée en liquidation.
Son directeur, une importante personnalité « carioca », était mon voisin,
l'immeuble de la banque touchant celui de notre agence.
Je le rencontrais souvent, il me dit alors :
- La banque ne peut plus traiter aucune affaire, cependant, je laisse les
guichets ouverts pour pouvoir rembourser sans délai tout client qui se
présentera ; nous pouvons faire face à nos engagements.
Il n'en allait pas de même à l'Aéropostale.
Avant de disposer des fonds nécessaires au fonctionnement de
l'entreprise, le comité enquête.
À la fin du mois, comme d'ailleurs du second, personne ne fut payé,
pourtant le travail fut effectué et les courriers partirent à l'heure. La foi la
confiance en l'œuvre commune étaient intactes et peut-être attendions-
nous un miracle.
Pour le troisième mois, l'ambassade de France disposa de fonds à notre
intention.
Nos difficultés coïncidèrent avec l'arrivée dans la baie de Rio de l'hydravion
géant allemand D.O.X.
Il y séjourna du 21 au 21 juin, au terme d'un voyage transatlantique riche
en péripéties.

