Page 170 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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De leur côté, les Américains amélioraient leur
service côtier New York - Buenos Aires. Ils
utilisaient les hydravions Commodores et
leurs deux filiales : la Nyrba puis la Panair du
Brasil transportaient de nombreux
passagers. Leurs intentions de défendre
âprement leurs intérêts dans ce secteur
étaient claires et comment n'essayeraient-ils
pas de profiter de nos difficultés !
Un samedi, jour de passage du courrier, je
reçus au terrain des Atfonsos la visite de
dirigeants de la Panair. Je les ai accueillis peu
avant l'arrivée de l'avion de Santos, au
moment où l'orage presque quotidien éclatait
et où le personnel procédait comme à
l'ordinaire, au transbordement des sacs dans
l'appareil prêt à partir pour affronter la nuit
avant la première escale de Victoria.
Douze minutes après l'arrivée de l'avion venu
de Buenos Aires, Sautereau, un as de
l'aviation parisienne que la grande aventure
avait tentée, décolla avec le radio Fichou.
Alors, je me dirigeai vers le poste de radio
pour contrôler sa marche.
Le directeur de la Panair qui m'avait suivi, me dit :
- Jusqu'ici, je me refusais à croire que vous pouvez aller plus vite que nous
alors que vos appareils sont plus lents de près de cinquante kilomètres par
heure. Maintenant, j'ai compris ; nous ne pouvons pas vous concurrencer.
Dans leur somptueuse limousine, mes visiteurs quittèrent le terrain tandis
que sous la pluie battante, évitant les flaques de boue, je rejoignais la
baraque radio où s'enregistraient les T.V.B. de l'avion qui allait vaincre et
l'orage et la nuit.
Dans le même temps l'hydravion américain arrivé du sud à peu près à la
même heure, bien arrimé dans le port, attendait le jour pour reprendre sa
route et sans pouvoir, bien entendu, rattraper le temps perdu.
J'habitais à Copacabana, la célèbre banlieue à la plage immense et
superbe. La proximité rafraîchissante de la mer était reposante après mes
dures journées de travail dans les bureaux surchauffés de l'avenue Rio-
Branco.