Page 165 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Nous organisâmes le dépannage ; la première chose à faire était
d'assurer l'acheminement du courrier. Je décidai de laisser les
mécaniciens sur place avec les vivres des deux avions et d'emmener avec
moi l'équipage très fatigué et les sacs postaux.
- Je reviendrai ce soir ou demain matin avec un autre pilote, dis-je.
Ma suggestion laissa les mécaniciens silencieux, réticents. L'un d'eux ne
cessait de fixer l'orée de la forêt, il nous montra des branches qui se
mouvaient, s'abaissaient ou se relevaient malgré l'absence totale de vent.
- On nous surveille, dit-il.
Nous ne pouvions les abandonner, les laisser à la merci de quelque danger
inconnu. Afin de savoir ce que cachait le rideau de feuillage, nous nous
armâmes des outils les plus lourds et de quelques branches solides puis,
tels des Sioux sur le sentier de la guerre, nous nous rapprochâmes petit à
petit de l'endroit redouté.
Et tout cela pour découvrir un être bien inoffensif ! Un mètre de haut, une
petite face presque humaine, un poil long et gris-brun. C'était un "
paresseux " édenté qui, avec des gestes lents, s'élevait d'une branche à
l'autre sans ne se soucier aucunement de notre présence ; il suffisait
d'éviter ses ongles longs et crochus.
http://fr.canoe.ca/artdevivre/animal/nouvelles/archives/2012/09/20120904-125428.html
Plus loin, dans les arbres, nous en aperçûmes d'autres qui se mouvaient
aussi ridiculement, handicapés par leur lenteur.
Rassurés, nous décollâmes bientôt et le plus rapidement possible, je
revins chercher l'appareil dont le carburateur était alors asséché.