Page 163 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Le premier courrier, cent pour cent aériens France Amérique du Sud
avait mis quatre jours et demi pour aller des bords de la Seine au
Pacifique. La France avait gagné !
Il ne me restait plus qu'à récupérer, car sur une absence de soixante-douze
heures, j'avais volé trente-sept heures vingt.
Toute la satisfaction de Didier Daurat se devinait dans le télégramme aux
termes affectueux que je reçus bientôt. Abord de l’aviso notre directeur
avait suivi tout le vol.
Déjà, j'étais prêt à repartir !
Pendant que les mécaniciens s'empressaient à la révision du LAT. XXVIII
en vue de son retour éventuel à la prochaine lune, Mermoz, Dabry et
Gimié, après quelques jours de repos passés à Natal, rejoignaient Rio par
petites étapes à bord d'un appareil mis à leur disposition.
Le 21 mai, Mermoz arriva à Buenos-Aires, où il resta une semaine. Quel
accueil enthousiaste ! Les Argentins fêtaient nos hommes comme des
héros nationaux et lorsque dans un endroit public, on les reconnaissait,
l'assistance les acclamait et entonnait la Marseillaise.
La veille de son départ Mermoz avait confirmé le voyage de retour pour le
8 juin. Le 9 juillet seulement il put quitter le plan d'eau de Bomfin après
cinquante-trois tentatives, toutes plus épiques les unes que les autres.
Quelques heures plus tard le LAT. XXVIII était contraint de se poser auprès
du dépanneur Phocée. Il coula en plein océan, mais l'équipage et le
courrier avaient pu être sauvés.
Ce demi-échec n'entacha en rien notre prestige et l'héroïque aventure de
Guillaumet dans la cordillère des Andes ne fit encore que grandir le renom
de nos ailes. Toutes les républiques américaines signèrent des contrats
avec notre pays, nous obtinrent même le monopole d'escale aux Açores
sur la route de l'Atlantique Nord.
Au début de l'après-midi du 22 novembre 1930, nous attendions
anxieusement des nouvelles de l'appareil piloté par Barbier ; nous savions
qu'il avait quitté Florianópolis pour Santos et Rio, mais depuis plus rien !
Au lever du jour, je décidai de partir à la recherche du 10e A.M.F.R.A.,
c'est-à-dire du courrier Amérique - France, la brume et le mauvais temps
me faisant craindre le pire. Je décollai donc, emmenant le mécanicien
Jacquinot et le monteur Barreros.
À plusieurs reprises, entre Rio et Santos, la côte s'incurve très
fortement.