Page 159 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Arrêt devant le hangar
où tout le personnel
s'empressait au
déchargement de l'avion
puis au transfert dans un
autre appareil dont déjà
le moteur tournait au
ralenti. Le temps de
descendre de l'un pour
monter dans l'autre et,
cinq minutes plus tard,
nous reprenions l'air à
nouveau.
Passé Caravellas, ce fut
la nuit complète et un ciel
entièrement couvert
dans lequel la lune
tardait à se lever. De gros
flocons noirs, bruine ou
nuages, s'interposaient
souvent entre l'avion et le
sol. http://postale.free.fr/temp/temp/Toulouse-a-Santagio-du-Chili-11-15-mai-1930.html
Quelques grains, puis ce fut la pluie d'orage coupée d'éclaircies de plus
en plus rares. Le temps allait en s'aggravant et rien ne permettait de
supposer que plus loin, les choses s'amélioreraient, car, à bord du LAT.
XXV que j'utilisais jusque-là parce que plus rapide, nous n'avions pas la
radio.
Quand enfin le phare de Victoria se révéla au loin dans une portion de ciel
plus dégagé, nous reprîmes espoir. Mais pour déchanter presque aussitôt,
car Rio signalait une pluie intermittente et de fortes tendances orageuses.
Le vent sud-sud-ouest retarderait notre marche et, comme pour confirmer
ces sombres pronostics, un fort grain vint crever sur le terrain martelant de
ses larges gouttes le toit de Fibrociment de la baraque dans laquelle nous
nous restaurions rapidement avant de poursuivre.
À cette escale, il y avait comme avion de réserve un LAT. XXVl ; par
sécurité, je décidai de le prendre et de remplacer le mécanicien par un
radio. Le chef de poste brésilien Chagas, à qui je demandai de bien vouloir
m'accompagner, n'avait jusqu'alors fait que survoler le terrain au cours
d'essais par beau temps. Mais nous étions tous tellement pris par cette
ambiance de record que, sans hésiter, il accepta ; ce soir-là Chagas se
sentait tous les courages.