Page 256 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Santos ! Un nouveau bond sur la carte du monde... Les villes les plus
inaccessibles pour moi se juxtaposent et mon esprit n'est pas encore à l'échelle
de nos étapes. La descente commence : en passant au-dessus du port, le pilote
Couret me montre l'immense brasier alimenté par le café que depuis un an l’on
détruit.
Puis nous touchons le sol. Oserai-je dire que je ne regrette point les quelques
heures de repos que le mauvais temps nous force à prendre ! D’autant plus que,
pour atteindre Mendoza.
Nous allons avoir à franchir, presque d’une seule traite, plus de trois mille
kilomètres au-dessus d’immenses étendues de lagunes et de mers : jusqu’à
Florianopolis la côte, encore hérissée de rochers et dépourvue de plages, se
prolonge menaçante.
Et il faut attendre les environs de Montevideo pour qu’apparaissent les grandes
plaines monotones et roussâtres où paissent des animaux à demi-sauvages : la
capitale de l’Uruguay règne sur ces monotones étendues à l’embouchure du Rio
de la Plata dont l’immense estuaire barre l’horizon.
À mesure que nous nous élevons, le fleuve, roulant sur une largeur de soixante
kilomètres ses flots limoneux et agités, devient plus impressionnant.
Sur l’autre rive, à peine visible, je contemple obstinément une masse grise dont
les contours peu à peu se précisent : Buenos - Aires.
Le grand centre postal de Buenos Aires.
Le directeur de l’Aéropostale, M. Colin-Jeannel, m’attend sur le terrain et me
présente à Guillaumet, l’homme dont toute la ville connaît l’épopée, le roi de l’air
qui, tombé dans la Cordillère et poursuivi par des vautours, s’en tira sain et sauf
après cinq jours d’épuisantes ascensions.