Page 252 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Ville de Maceió : autour des feux de « San-Juan », les indigènes des
plantations dansent et chantent.
II faut quitter mes amis, non sans leur avoir promis de regagner l’Afrique avec
eux ; promesse que je tins. Mais pouvais-je deviner alors que je participais à leur
dernier voyage, que quelques jours plus tard la nouvelle se répandrait du
naufrage de l’Aéropostale-II ? Je vous verrai toujours, Dumont, Baptistini,
Decaen, à la coupée de votre beau bateau blanc ! Dans nos dernières effusions,
vous m’assuriez de votre amitié. Les nègres et les mécaniciens étaient rangés le
long du bastingage pour me serrer une dernière fois la main. Hélas ! Vous n’êtes
plus maintenant que des ombres dans les flots verts et je voudrais faire un
pèlerinage dans les mers équatoriales pour voir voler dans un ciel sombre les
‘veuves’ portant en leurs flancs vos âmes héroïques !
À Natal : transport du courrier par automobiles du port a l'aérodrome.
De la vedette, j’ai sauté dans une Ford qui m’emmène rapidement à travers la
ville, puis fonce dans la campagne : souvenirs bien imprécis de maisons roses,
jaunes ou bleues puis d’une piste sablonneuse coupée d’immenses flaques
d’eau ; des palmes se croisent au-dessus de nos têtes de merveilleux papillons
et des perruches vertes animent la forêt : première vision d’exotisme...
Sur le terrain, un Laté 26 tourne au ralenti. Le pilote Rolland et le radio Saoulas
sont à leur poste ; leurs têtes casquées dominent le fuselage rouge sur lequel
flamboie l’audacieuse mention : « France -Amérique ». Rendu à la compagnie du
courrier, je n’ai que le temps de creuser mon nid parmi celui-ci.