Page 249 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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                          L'officier en second Dumont faisant le point avec le sextant.

                     L’atmosphère est irrespirable et je cherche en vain l’ombre dans mon étroit
                  réduit, parmi les tôles brûlantes et les vapeurs enflammées que l'échappement
                  crache  près  de  mon  visage ;  or  je  n’ai  bu  que  deux  verres  d’eau  depuis
                  Toulouse...

                   II, il y a pourtant des êtres qui vivent dans cette fournaise : tels les méharistes
                  dont les tentes bleues entourent ce petit fortin de terre, Nouakchott, perdu dans
                  le bled. Un drapeau français flotte : jalon tricolore sur la route postale.

                   Cependant,  les  dunes  se  piquent  de  boqueteaux  roussâtres ;  bientôt
                  apparaissent les paillotes et les eaux limoneuses du Sénégal : voici l’aérodrome
                  de Saint-Louis et, vingt minutes plus tard, celui de Dakar. Ardemment, j’avais
                  souhaité une halte. Mais tandis que l’équipage va chercher à la cantine un peu
                  d’aliments  et  de  sommeil  mérités,  une  voiture  de  poste  me  cueille  avec  le
                  courrier. Et je continue ma course folle comme une balle que des joueurs habiles
                  se passent de main en main. Et maintenant, un chauffeur intrépide m’entraîne
                  dans la ville à une allure vertigineuse, parmi les indigènes qu’effarouche notre
                  sirène spéciale.

















                                   L'homme de barre : un nègre Portugais de quart.

                  Dans le port, le petit aviso Aéropostale-ll, prévenu de notre arrivée par T.S.F.,
                  est près d’appareiller. On me pousse sur la passerelle qui se relève aussitôt ; et,
                  dès que les Noirs ont lancé à bord le dernier sac de courrier, la coque blanche
                  s’écarte du quai dans un bouillonnement d'écume.
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