Page 254 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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Le plafond est de plus en plus bas ; à peine avons-nous touché le sol que de
larges gouttes de pluie commencent à tomber, qui nous contraint à remiser
l’avion en dépit des objurgations du pilote mal résigné.
À Pelotas : le courrier est déchargé du « Laté 28 » pour être porté dans un
autre avion.
Et comme l’orage est imminent, nous avons le temps, pour dîner, de gagner la
ville dont les faubourgs, à l’occasion de la Saint-Jean, sont illuminés : les nègres,
endimanchés, fiers de leur chapeau de paille et de leur pantalon blanc, dansent
autour des cases au son de la guitare, des chants et des pétards. Les rues sont
parcourues par les farandoles des ‘Mulatines’, belles jeunes filles au teint
d’ambre, parées de fleurs. Mais je tombe de fatigue et de sommeil.
Près de l'aérodrome, à Buenos -aires, un gaucho boit son maté avec la
bombijia.
De retour au terrain, on m’offre alors pour attendre plus confortablement
l’éclaircie la couchette tellement souhaitée...
Mais ayant appris qu’un serpent avait été tue le matin même sous ce lit, je ne
peux fermer l’œil ; et ce n’est qu’à 4 h 30, lorsque nous reprenons notre vol
fastidieux au-dessus du « matto » que je m’assoupis enfin. Au soleil levant nous
survolons Bahia, ancienne capitale du Brésil, fière de ses trois cent mille
habitants et de ses trois cent soixante-cinq églises ; puis, nous atterrissons
cinquante kilomètres plus loin, sur un terrain découpé en pleine forêt vierge.