Page 248 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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                     À 1 h 15 nous arrivons à Cap - Juby ; une enceinte de fils barbelés nous sépare
                  seule des campements d’insoumis aux aguets ; de bruns guerriers voiles nous
                  accueillent  avec  des  cris  gutturaux  et  nous  offrent  des  œufs  frits  a  L’huile
                  d’arachide.  Un  chef  maure  a  remplacé  le  beau  Chleuh  ;  nous  nous  élevons
                  maintenant  au-dessus  d’une  mer  de  nuages  sur  laquelle  la  lune  répand  une
                  lumière laiteuse ; notre avion se découpe tragiquement jusqu’au moment où il
                  s’enfonce dans la nuit pour venir survoler en un large virage Villa Cisneros : dans
                  le quadrilatère que dessinent les projecteurs, un sac de lettres tombe parmi les
                  silhouettes  lilliputiennes  qui s’agitent... Et nous  passons.  Ce  n’est qu’à  l’aube
                  qu’apparaîtra  Port-Etienne  dans  la  blondeur  de  ses  dunes  :  pour  faciliter
                  l’atterrissage, des Touareg se pendront aux ailes par grappes bondissantes. Mais
                  je ne jouirai guère du pittoresque des lieux puisqu’au bout de dix minutes, nous
                  survolerons à nouveau le désert fastidieux, accablant, infini...
























                          L’aviso Aéropostale II avec son grand pavois, en vue de Natal.































                  Au-dessus de la mer de nuages, par clair de lune : la soute à bagages dans
                  laquelle Géo Ham fit le voyage en compagnie d'un guerrier « chleuh »
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