Page 87 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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                     La mort dans l'âme et dans l'incapacité absolue de faire quoi que ce soit
                  d'autre, je fis embarquer le courrier sur un aviso en partance pour Dakar.

                  Attente...


                      L'hydravion devait pouvoir décoller d'un plan d’eau plus vaste et mieux
                  exposée par rapport aux vents dominants.


                  Le lendemain, 11 juin, je pris un avion pour rechercher un bassin. J'allai
                  jusqu'à 250 kilomètres au sud de Natal. Mais c'est à soixante kilomètres
                  au nord de la ville que je découvris une lagune d'eau douce de 8 kilomètres
                  sur  5  km  la  « Lagoa  do  Bofim »,  bien  orientée  et  où  le  clapotis  était
                  fréquent.


                  L'après-midi même, j'amerris sur la lagune avec l'hydravion, accompagné
                  de Dabry et Gimié. Les mécaniciens vinrent avec une automobile ; une
                  vedette avait été placée sur une camionnette.


                  Nous prenions aussitôt les dispositions pour tenter d'effectuer la liaison
                  postale avec le courrier du 16 juillet.


                  Alors que nous songions à organiser en détail notre nouvelle base, nous
                  recevions  des  ordres  de  Paris.  Le  ministère  de  l'Air  exigeait  que  nous
                  renforcions certaines attaches des flotteurs pour obtenir une plus grande
                  solidité.


                  Pour nous, la robustesse de l'hydravion ne faisait aucun doute, après les
                  trente-cinq tentatives de décollages. Cependant, il fallait bien respecter les
                  ordres.


                  Les jours et les jours s'écoulèrent. Nous étions inactifs du matin au soir,
                  traînant dans une villa sans meuble, où des hamacs remplaçaient les lits
                  et  deux  caisses  d'essence  les  armoires,  les  tables,  les  chaises  et  les
                  sièges.

                   Que cette existence put être odieuse !


                  Nous nous ennuyions mortellement, à un tel point que nous n'avions plus
                  d'appétit et que je maigrissais à vue d'œil.

                    Le premier courrier de juillet coïncidant avec la lune, et la mise en état de
                  notre hydravion en conformité avec les exigences du service technique de
                  l'aviation  marchande,  nous  fixâmes  d'accord  avec  la  direction  de  la
                  Compagnie Générale de l'Aéropostale, notre départ du 6 juillet.


                  Aux cinquante troisièmes essais.
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