Page 209 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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L’obsession de Marcel Bouilloux- Lafont était la traversée de l’Atlantique
Sud, il sait que techniquement un nouvel avion le Breguet 19 GR Bidon avec
des réservoirs supplémentaires a le rayon d’action suffisant pour le faire.
La preuve viendra le 10 octobre 1927, Dieudonné Costes chef pilote de
Breguet, accompagné de Joseph Le Brix décollera du Bourget, réalisant la
première traversée sans escale de l'Atlantique Sud en se posant sur le nouvel
aérodrome de L’Aéropostale de Natal.
Il dut attendre ainsi que Jean Mermoz jusqu’au 12 mai 1930 pour qu’un
monomoteur terrestre le Latécoère 28.3 transformé en hydravion avec 130 kg de
courrier puisse de Saint-Louis du Sénégal à Natal se poser dans le plus grand
anonymat, c’est-à-dire presque trois ans après.
Les Services Officiels refusèrent toute autorisation étant totalement hostile à
l’emploi d’un monomoteur terrestre sur des parcours maritimes aussi longs.
Avait-il le choix, la majorité de la flotte en service et achetée était principalement
des appareils Latécoère et le ministère de L’air imposait par leur règlementation
rigide, tatillonne, - la préférence étant donnée à beaucoup moins performant,
l’hydravion.
Il faudra attendre février 35 pour le Blériot 5 190 « Santos-Dumont » assure
d’une façon régulière une fois par semaine la traversée Dakar –Natal, relayé
ensuite par le Farman 220 et le Laté 300 « La Croix du Sud ».
Les avisos, ses anciens chasseurs de sous-marins, faisaient perdre au courrier
le temps de la traversée de deux jours à deux jours et demi en fonction de la
météo, par rapport aux calculs de la traversée aérienne.
Au Brésil, les autorisations de vol sont données en septembre 1927 ainsi que le
6 décembre 1927 (décret n º 19 009).
Concurrence, forte influence étrangère.
Il ne faut pas oublier qu'en Amérique du Sud les influentes diasporas espagnoles,
portugaises, italiennes, allemandes issues de l'immigration s'imposent, alors que
la France est faiblement représentée par le nombre de ses ressortissants. Par
contre, la France conserve une forte influence auprès des militaires brésiliens.
Le drapeau brésilien contient en son centre la devise du pays, « Ordem e
Progresso », phrase symbolique de la doctrine positiviste du philosophe français
Auguste Comte.
Au début du XIX siècle de tous les pays étrangers, ce sont les États-Unis et la
Grande-Bretagne qui entretiennent les liens les plus étroits avec ces jeunes
nations. Sur le plan financier, l'influence des membres de la maison Rothschild
se révèle prédominante.