Page 179 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
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                  compagnon-de-Mermoz-2013759
                      Une  nuit  noire,  une  visibilité  brumeuse  et  peu  à  peu,  les  stratus
                  s'épaississant, ils durent se rapprocher du sol. Rares foyers lumineux, trop
                  distants les uns des autres et pour la plupart éteints à cette heure avancée
                  de  la  nuit,  les  repères  côtiers  leur  étaient  de  peu  de  secours.  Ils  se
                  guidaient le long des plages sur les brisants des vagues et, de temps à
                  autre,  Gourbeyre  transmettait  quelques  renseignements  captés  par  les
                  postes, au hasard des transmissions. En effet, en fin de nuit, les ondes
                  longues passaient mal et des fréquences d'ondes courtes commençaient
                  seulement à être utilisées suivant l'heure et le lieu, différents avec chacune.
                  IL arrivait souvent que le poste le plus proche n'entendît pas l'avion alors
                  qu'un  autre  éloigné  de  mille  ou  de  quinze  cents  kilomètres  le  captait
                  parfaitement.  Des  relais  s'établissaient  entre  tous  les  postes  de
                  l'Aéropostale pour aider, si possible, l'équipage en difficulté.


                  De Rio, je suivais avec anxiété la marche au ras de l'eau de nos camarades
                  et je savais que, depuis une heure environ, Pelotas comme Montevideo
                  étaient prévenus.

                   Une chance restait à l'avion, celle de se poser à Porto Alegre au point du
                  jour  dans  une  visibilité  normale  à  cause  du  vent  léger  régnant  dans  la
                  région.


                   "Nous avançons sans rien voir, le brouillard se fait de plus en plus dense...
                  Nous tournons au-dessus d'une parcelle de plage..."

                  Ce fut là le dernier message de Gourbeyre !


                   Le reste de la nuit, les opérateurs, le casque aux oreilles, les récepteurs
                  poussés  à  fond  d'intensité,  restèrent  à  l'écoute  espérant  vainement
                  arracher quelques mots au néant...

                  Dans  la  journée,  les  indigènes  devaient  trouver  le  long  d'une  plage
                  désertent des vestiges de toile, de bois et de courrier.


                   Nos camarades avaient touché l'eau de l'extrémité d'une aile et l'abîme
                  liquide les avait engloutis non loin du rivage.

                  Profitant  d'un  convoyage  à  Natal,  je  m'arrêtai  dans  les  escales  afin  de
                  connaître les difficultés de nos gens et leur donner les explications qu'ils
                  souhaitaient.


                  C'est ainsi que je séjournai vingt-quatre heures à Bahia où mon camarade
                  Pivot terminait l'aménagement de l'aérodrome.
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