Page 180 - L’AÉROPOSTALE D’AMÉRIQUE DU SUD
P. 180
180
Les installations récentes, poste radio et habitations du personnel en
bâtiments préfabriqués, bois et Fibrociments, apportaient un peu de confort
dans l'isolement des terrains situés assez loin des villes et accessibles
seulement par des chemins de terre détrempés par la mer et en quelque
sorte arrachée à la forêt vierge.
Quand j'y arrivai, chacun était encore sous le coup d'une vive émotion :
Pivot avait découvert un serpent Corail gentiment endormi dans un angle
de la salle d'eau.
Malgré toutes les précautions prises ces dangereux reptiles arrivaient à
s'introduire partout, ainsi à on avait pu voir un matin un « Sucuri » émerger
du tube soutenant la manche à air au faîte d'un hangar. Comment avait-il
pu se hisser jusque-là ? Mystère !
Par contre, il n'y avait pas eu de risques avec le boa long de six ou sept
mètres que les ouvriers du chantier de construction avaient découverts un
matin lover, endormi et repu au fond d'un grand trou triangulaire destiné à
édifier les fondations d'un magasin.
Profitant du sommeil de ce monstre, on avait recouvert le trou d'un treillage
métallique épais et des madriers entrecroisés.
Personne, bien entendu, ne passait à proximité sans aller contempler ce
curieux captif dont les mouvements faisaient s'envoler d'un arbre à l'autre
des dizaines de perruches multicolores et jacassantes.
Mais je continuai mon voyage vers Caravelas, cette ville traversée par une
seule grande rue coupée de signaux lumineux et où aucune voiture ne
s'aventurait, cette ville écrasée par la chaleur qui assommait bêtes et gens.
Là aussi, le terrain était éloigné et je compris mon ami Floret venu mettre
au point le poste radio lorsqu'il m'affirma n'avoir aucune tentation de
s'éloigner de l'aérodrome.
Comme je comptais partir avec le courrier régulier passant dans la nuit, je
décidai de rester auprès de Floret afin de suivre son travail ; il faisait une
chaleur lourde et humide sans le moindre souffle de vent.
Enfermé dans le poste, mon camarade faisait fonctionner ses émetteurs
pour répondre aux communications reçues et, à chaque mise en route du
moteur alimentant le groupe électrogène, l'air semblait devenir irrespirable.
Des grosses gouttes de sueur roulaient sur nos visages.
Regardant les treillages métalliques aux mailles serrées et oxydées qui
bloquaient totalement les ouvertures, je demandai à Floret.